Il était une fois... le 31 décembre 1959 (31/12/59) (4)

Sam arriva à l'appartement, fit entrer Alicia et appela :

Sunti ? Tu es là ? demanda-elle un peu inquiète.

Mais Sunti n'était pas là. Après avoir quitté Sam au parc, il était repassé par l'appartement, puis l'avait quitté pour aller se promener dans la ville. Il avait grand besoin de se changer les idées et de réfléchir.

L'attitude de Sam avait été pour lui un affront qu'il ne pensait pas devoir vivre un jour. Il avait ressenti ce qu'elle éprouvait encore pour Lucas. Une profonde tendresse. Et si c'était plus ? Ou si ça le redevenait ? Elle avait beau lui chanter qu'elle ne pourrait se séparer de lui, elle le faisait plus que lui-même. Dans cette épreuve, il avait pensé qu'ils seraient plus proches que jamais... et elle avait choisi Lucas pour ce rapprochement.

Affaibli par toutes ces pensées, il s'assit sur un banc non loin de l'appartement et, posant ses coudes sur ses genoux, enfouit sa tête dans ses mains.

Sam parcourut l'appartement, qui était fort grand, et n'y trouva pas Sunti. Inquiète, elle réalisa qu'elle n'avait pas de portable pour le joindre.
Elle resta décontenancée quelques longues secondes puis réalisa que cette pauvre Alicia avait faim.

Elle l'entraîna à sa suite dans la cuisine et lui prépara un repas.

Quelques minutes plus tard, Sunti arriva à l'appartement et fit claquer la porte. Il se rendit dans la chambre, ne cherchant pas à rencontrer Sam et ceux qu'elle avait dû ramener avec elle.

Lucas avait suivi Sunti et sonna à la porte de ce qui semblait être un luxueux appartement.

Il attendit avec une certaine délectation que quelqu'un vienne lui ouvrir.

Samantha avait installé Alicia à table et disposé un grand plat devant elle.
Lorsque la sonnette de la porte d'entrée tinta elle s'excusa, lui dit de se servir et de manger et alla ouvrir.

Elle eut la surprise de trouver Lucas sur le palier.

Tu es venu ! dit-elle en souriant, soulagée.

Pas pour toi ! lança Lucas en la poussant légèrement pour entrer. Elle est où ? demanda-t-il en jetant un oeil à l'appartement qui, de fait, était luxueux.

Dans la salle à manger ! Installe-toi avec elle, je t'apporte une assiette et des couverts. J'ai fait assez pour vous deux, je voulais qu'elle t'en apporte une portion.

Je reviens, je vais chercher des serviettes.

Elle partit ouvrir un placard encastré dans le couloir menant aux chambres et aperçut Sunti dans leur chambre, la porte étant restée ouverte.

Tu es là ? Je ne t'ai pas entendu rentrer mon coeur... dit-elle en s'approchant de lui avec le sourire.

Lucas chercha la salle à manger et vit Alicia en train de manger avec appétit.

Bon appétit... dit-il en s'asseyant en face d'elle, un petit sourire aux lèvres. Mais il ne toucha à rien.

Normal, il n'y a que Lucas qui t'intéresse. Pourquoi tu n'es pas avec lui ? Ne t'inquiète pas, moi je vais partir, vous serez seuls... vous trouverez bien le moyen de virer la petite asiatique qui était avec lui... dit-il en entassant des vêtements dans un sac.

Sunti ! Qu'est-ce que tu fais ?!! s'écria Sam affolée.

Elle s'accrocha à son bras, tentant de le détourner de son sac.

Tu ne vas pas partir ! Mais... pourquoi ??

Parce que tu l'aimes toujours ! répondit-il en essayant de cacher sa tristesse, ce qu'il réussit plus ou moins.

Il écarta son bras pour que Sam le lâche et continua à balancer ces vêtements qui étaient désormais les siens.

27/03/1933

Merci ! dit Aly en souriant. Mange aussi, Lucas, tu en as besoin !

En attendant elle planta une bouchée au bout de sa fourchette et la lui tendit.
Goûte ! C'est bon...

Non, merci. Je ne veux pas manger de SA nourriture... je n'ai pas besoin de sa pitié.

Il la regarda avec un sourire, content qu'elle puisse manger à sa faim.

Mais enfin... ! Mais qu'est-ce que tu vas inventer ? C'est toi que j'aime, tu le sais ! dit Sam en baissant la voix pour que ses "invités" ne l'entendent pas.

Et où veux-tu aller ? Tu ne connais personne ici ! Tu m'avais dit que tu ne me quitterais pas !

27/03/1933

D'après ce que j'ai pu en voir, ça ne ressemble pas à de la pitié, Lucas ! Fais-moi plaisir, mange s'il te plait ! Sinon j'arrête, je ne veux pas manger devant toi...

Tu avais dit que tu ne l'aimais plus ! Oui tu m'aimes, mais tu l'aimes toujours aussi, lui ! Et moi je ne partage plus, j'ai déjà assez donné ! grommela-t-il.

Il ferma brusquement le sac et le mit sur son épaule, prêt à partir.

Je peux partir si tu ne veux pas manger devant moi ! Je sais que c'est de la pitié. Tu ne sais pas qui c'est, tu ne peux pas comprendre. Ce n'est rien d'autre que de la pitié... mal placée en plus !

27/03/1933

Non ! Je ne veux pas que tu partes ! Mais il faut que tu manges sinon tu ne vas pas être bien !

Pourquoi dis-tu que ce n'est que de la pitié ? Elle a l'air de t'aimer beaucoup...

Sam courut fermer la porte de la chambre et s'adossa au battant, faisant barrage pour que Sunti ne sorte pas.

Mais qui te parle de partager ! C'est avec toi que je suis, mon coeur ! dit-elle livide. Tu... tu ne veux plus te marier... ?

C'est une longue histoire... répondit-il simplement, avec amertume. De toute façon je n'ai plus faim. Je voudrais juste prendre une douche et avoir des vêtements propres.

Pas dans ces conditions ! Quand tu ne l'aimeras plus et que tu m'aimeras toujours, si ça arrive, ah ! Et que tu auras rompu tes fiançailles ici, eh bien, oui, je t'épouserai ! Maintenant laisse-moi passer !

Le coeur de Sam se mit à faire de grands bonds désordonnés dans sa poitrine, lui coupant le souffle.
Pas dans ces conditions... répéta-t-elle, les larmes aux yeux.

Je te déteste, Sunti... dit-elle d'une voix inaudible, décomposée.

Comme tu voudras...

Il s'approcha, posa sa main sur la poignée et la regarda une dernière fois.

Moi je t'aime.

Puis il la poussa et ouvrit pour sortir.

Sam attrapa une des deux lampes de chevet et la jeta par terre, où elle explosa à grand fracas.

Tu es ici chez toi, c'est moi qui part ! cria-t-elle en pleurant.

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