Il était une fois... le 31 décembre 1959 (31/12/59)

Un bruit énorme réveilla Alicia en sursaut. Comme un couvercle de poubelle. Mais il n'y avait pas de poubelle dans la chambre d'Aicia.

Elle ouvrit les yeux et vit qu'elle se trouvait allongée par terre dans une rue. Une rue dont les immeubles étaient incroyablement haut !

Elle se leva d'un bond et se rendit compte qu'elle était vêtue de son pyjama et d'une robe de chambre. Qu'est-ce qu'elle faisait là , et dans cette tenue ?
Elle vit un clochard qui fouillait dans une poubelle, habillé du strict minimum, une sorte de short.

*Il y a plus malheureux que moi* pensa-t-elle apitoyée.

Alicia eut un mouvement de recul. Le jeune homme qui était là devant elle ressemblait trait pour trait à celui auquel elle pensait jour et nuit ! A cette différence près, c'est que celui-ci avait les yeux bleus. Très bleus. Mais c'était la seule différence, on aurait pu les croire jumeaux.

Qui... qui êtes-vous ? demanda-t-elle effrayée.

Alicia recula.

*C'est un exhibitionniste !*

N'approchez pas ! dit-elle affolée, car il n'y avait personne d'autre qu'eux dans la rue.

Mais je n'ai pas bu, moi ! Et pourtant j'ai aussi l'impression d'être à New York !

*Ne lui parle pas, Alicia*

Elle le trouvait très beau, mais également très déplaisant. Il la tutoyait, comme le font les truands dans les films noirs.

Alicia devint écarlate, à la fois de colère et de honte.

Vous... vous n'êtes qu'un... ! dit-elle à cours de mots.

*Je n'ai pas d'argent !*

Elle fondit en larmes.

Je n'ai pas d'argent !

Mais qu'est-ce que je fais là ! Je n'y comprend rien ! dit-elle en s'essuyant les yeux.

De toute façon vous ne pouvez pas comprendre !

Alicia, indécise resta sur place, puis finit par le suivre timidement, à une distance respectable.

Dans le même bâteau, vous voulez-dire ?

*Il a de drôles de manières !*

Alicia avait honte d'être dans cette tenue dans la rue, mais il était en bien plus mauvaise posture qu'elle.

Elle en fut touchée et le plaignit.

J'ai mes bagues et un bracelet... dit-elle assez bas, en le rejoignant.

Ah ? Vous... ? Je ne savais pas...

*Et bien au moins, tu n'es pas dépaysée !* pensa Alicia surprise.

Dans mon pays, c'est surtout les femmes qui... heu...
Elle sursauta et rougit. Ne me regardez pas comme ça, je vous vois venir ! Je ne ferai jamais ça, si c'est ce que vous attendez de moi ! Et d'ailleurs, je suis totalement inexpérimentée en la matière !

Elle recula et son dos toucha la façade de l'immeuble devant lequel ils étaient.

*Une vierge effarouchée !*

Il fut tiraillé entre deux idées : continuer de la faire marcher, ou lui dire qu'il plaisantait. La première solution était beaucoup plus amusante à son goût.

Bon bon... je vais me sacrifier alors ! Ma pureté et mon innocence vont en prendre un coup ! Mais pour sauver une jolie fille du pyjama, je suis prêt à tout ! Cachez-vous seulement, sinon aucune fille ne voudra venir me voir, elles penseront qu'on veut une partie à trois ! dit-il en la regardant gravement.

*Oh ! Ces occidentaux !*

Eberluée, elle se cacha entre deux voitures, mais pas trop, de façon à voir tout de même ce qu'il faisait !

*C'est qu'elle me jetterait aux griffes de ces obsédées de femmes !!* pensa-t-il, presque choqué.

Il revint près d'elle et la regarda.

Je sais que tu ne me connais pas beaucoup mais... tu croyais vraiment que j'allais me vendre ?!! dit-il en éclatant de rire.